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Prix du lait La valorisation beurre poudre s’effondre

Manque de débouchés et spéculation plombent le marché des ingrédients laitiers. De quoi présager un fort recul du prix du lait.

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Après le repli des ventes auprès de la restauration hors foyer (RHF) et des industries agroalimentaires en raison de l’actuelle crise sanitaire, « les opérateurs disposant de tours de séchage vont certainement être amenés à augmenter leur production de beurre et de poudre de lait écrémé », avance Gérard You, économiste à l’Institut de l’élevage (Idele), en visioconférence le 2 avril.

La sentence ne se fait pas attendre. La cotation européenne de la poudre maigre a déjà chuté de plus de 400 €/t en mars. « Si l’érosion se poursuit sur les mêmes bases, on sera au prix d’intervention début mai », estime l’économiste. Quant au prix du beurre, un temps stabilisé, la tendance repart à la baisse. Seul le fromage résiste, mais « certains opérateurs n’intervenant pas sur le marché beurre poudre pourraient se tourner vers le stockage de fromages commodités », avertit Gérard You. L’approche du pic de collecte et le comportement attentiste des acheteurs n’arrangent pas la situation.

Recul de 50 €/1 000 litres

Le prix du lait valorisé en beurre poudre note une baisse de 50 €/1 000 l en mars. « Le marché des ingrédients laitiers concerne 25 à 35 % de la collecte, précise l’expert. Cette érosion va sans nul doute peser sur le prix du lait standard. » L’Idele anticipe une baisse de ce dernier de 20 à 30 €/1 000 l au second trimestre.

L’impact du coronavirus diffère selon les mix-produits des industriels. Si les transformateurs spécialisés dans les produits de première nécessité, comme le lait UHT, sont avantagés, les petites laiteries tournées vers la RHF ou les produits AOP subissent la crise de plein fouet. Pour les acteurs de plus grande envergure, « la multitude des produits fabriqués et des débouchés les rend plus résilients », estime Gérard You.

Différentes problématiques donc, mais une stratégie commune : réduire les livraisons. Certaines laiteries, comme Sodiaal et Savencia, ont choisi d’appliquer une saisonnalité négative en avril et mai, afin de reporter les excédents de volumes sur les mois d’été. Une mesure souvent décriée par les syndicats, au nom de la double peine baisse des volumes et des prix. Pour Damien Lacombe, président de la Coopération laitière, « jouer sur la saisonnalité est une mesure habituelle, mise en évidence et étendue cette année pour alerter les éleveurs face à l’urgence de la situation. » L’interprofession laitière a également apporté sa pierre à l’édifice, avec la mise en place d’un dispositif incitatif à la réduction de production en avril (lire À la une, p. 12).

A. Courty

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